C'est les plus belles images que j'ai vues de ces événements. Il est toujours appréciable que le visage de la rébellion soit noble, l'histoire se nourrit de ça.
La flamme olympique défile à Pyongyang
Une fois n’est pas coutume, le parcours de la flamme s’est passé sans embûches ce lundi. Après un périple mondial émaillé d’incidents, le relais de la torche olympique des Jeux de Pékin s’est parfaitement déroulé à Pyongyang, capitale de la Corée du Nord.
Pour cette première dans l’histoire du régime communiste, proche allié de Pékin, les images de télévision montraient des hommes en costume noir et des femmes en habit traditionnel agitant des bouquets artificiels de kimjongilia, la fleur nationale baptisée du nom du «cher leader» Kim Jong-Il.
Devant des centaines de milliers de personnes, selon l’agence Chine Nouvelle, l’un des rares médias étrangers autorisés en Corée du Nord, le relais s’est effectué entre deux des grands symboles du régime: parti de la Tour de l’Idée de Juché, il est arrivé au stade Kim Il-Sung. Le Juché est l’idéologie du pays, et Kim Il-Sung est le fondateur du régime nord-coréen.
La flamme poursuivra son périple mardi au Vietnam, puis à Hong Kong et Macao
11.
Le dimanche 24 août 2008, 10:10 par Frederic Bobin
Ce 9 avril, Wang Qianyuan, jeune Chinoise de 20 ans, est à mille lieues d'imaginer que son destin va basculer à l'instant précis où elle quitte la cafétéria de l'université américaine de Duke (Caroline du Nord), où elle étudie. Elle tombe sur un face-à-face crispé, houleux même, entre un groupe de supporteurs de la cause tibétaine et des contre-manifestants chinois "patriotes". Trois semaines après les émeutes de Lhassa (14 mars), la fièvre est brûlante autour du Tibet.
Wang Qianyuan, qui se fait appeler Grace Wang en anglais, veut jouer les médiateurs. Elle est chinoise, certes, gavée d'éducation patriotique depuis sa plus tendre enfance, mais la fréquentation d'étudiants tibétains à Duke lui a ouvert les yeux. Entre les deux mondes, son coeur balance. Elle reconnaît un ami américain parmi le groupe pro-Tibet. Celui-ci lui demande d'écrire au feutre sur son dos nu : "Free Tibet." Elle accepte en échange de la promesse qu'il ira ensuite discuter avec les étudiants chinois d'en face. En attendant, elle fait le va-et-vient entre les deux camps. Elle prêche le dialogue, la compréhension mutuelle.
En réalité, sa posture d'intermédiaire exaspère ses compatriotes, qui la houspillent. Les menaces fusent. Grace doit s'arracher à la mêlée sous la protection d'agents de sécurité de l'université. Le lendemain, l'affaire éclate. Sur le forum de discussion des étudiants chinois d'Amérique du Nord, sa photo est publiée, barrée de la sentence accusatoire : "Traître à la patrie." Dès lors, le Web chinois s'embrase et sonne l'hallali contre Grace qui, fulmine-t-on, défend l'indépendance du Tibet.
Les internautes déchaînés enquêtent sur son passé. Ses références personnelles sont lancées à la vindicte, dont celles de ses parents, domiciliés à Qingdao, une ville côtière du Nord-Est chinois. Sur son téléphone et sa boîte électronique, elle reçoit une multitude d'insultes et de menaces de mort. La police américaine doit la protéger. En Chine, l'appartement familial essuie des jets de pierre, les murs sont maculés de slogans hostiles et même d'excréments. Les parents doivent s'exiler en lieu sûr. Révolte confuse visant la corruption des officiels (mais pas trop), la déréliction morale ambiante (beaucoup) et les "diables d'étrangers" (surtout).
Son père la conjure de s'excuser publiquement afin de calmer la tempête mais Grace fait front. En guise de contrition, elle publie, le 20 avril, dans le Washington Post une tribune dans laquelle elle dénonce comme "inacceptable" sa "crucifixion" par un Web en furie.
Grace Wang est l'une des victimes les plus emblématiques de ce phénomène nouveau de l'Internet chinois : la chasse à l'homme en groupe - ou plutôt en masse - au nom de la défense des grands principes. Un coupable est jeté en pâture et, à partir d'indices partiels - un nom, une photo, un lieu... -, tout un peuple de pseudo-justiciers se lance à ses trousses pour se livrer à de l'intimidation à grande échelle.
Les Chinois ont une expression pour désigner cette traque collective : "Renrou sousuo yinqing", que l'on peut traduire par "moteur de recherche à chair humaine". C'est la face noire d'une Toile chinoise en pleine expansion, forte d'environ 250 millions d'usagers - devant les Etats-Unis (217 millions). Vecteur d'une société civile de plus en plus remuante, ce Web chinois charrie le meilleur, l'exigence d'une liberté d'expression, comme le pire, un populisme virulent pouvant virer au nationalisme extrême.
Les adeptes de ce courant se sont autoproclamés "fenqing", ou "jeunes gens en colère". "Ils illustrent l'étape infantile du développement du Net chinois", analyse Yu Guoming, directeur adjoint de l'école de journalisme de l'Université du peuple (Renda). Issus de la génération de l'enfant unique, ces internautes au sang chaud sont en général diplômés mais sous-employés, donc frustrés. Avec le renrou sousuo, ils pratiquent une justice populaire en meute qui, si elle se déploie principalement dans l'espace virtuel, n'en a pas moins de lourdes incidences sur la vie réelle. Grace Wang, par exemple, se trouve bannie de facto de son pays. En tout cas, elle se garde bien d'y retourner dans l'immédiat après avoir vu son nom souillé de toutes les infamies. Trop risqué.
Du Peiyuan a à peine 26 ans. Silhouette haute et fine, houppe en bataille, jean et baskets, il arbore un air d'adolescent dégingandé. Cet as de l'informatique est aujourd'hui un des gestionnaires du portail Mop, le creuset qui a enfanté la mode du renrou sousuo. Fondé en 1997 à l'aube du Web chinois, Mop était initialement spécialisé dans les jeux vidéo et les jeux télévisés. "Au début, nos usagers échangeaient des informations sur leurs jeux préférés", raconte Du Peiyuan, nonchalamment assis dans un fauteuil d'une salle de réunion du siège de Mop, à Pékin. "Puis, au fil des années, poursuit-il, l'exercice s'est élargi à n'importe quel sujet." Ainsi mûrit une culture de la recherche et de l'échange. L'année 2001 marque la véritable naissance du renrou sousuo. "L'événement qui a tout déclenché était une histoire d'amour", sourit Du Peiyuan. Un homme pensait avoir trouvé l'âme soeur sur un site de rencontres. La photo qu'il avait reçue montrait une femme d'une grande beauté. Titillé par le doute, il met en ligne le joli minois et interroge les fidèles de Mop. Ces derniers déclenchent la recherche. L'un d'entre eux finit par déceler l'imposture : "La photo était en fait celle de la porte-parole de Microsoft en Chine, une très belle femme", se souvient Du Peiyuan. Le naïf avait été berné par un (e) anonyme.
Le renrou sousuo connaît là son acte de baptême en Chine mais il lui faudra encore de longues années avant de devenir un phénomène de société. L'année 2006 marque sans doute un tournant avec l'explosion du scandale du chat martyr. L'affaire met en scène une dame élégante écrasant la tête de l'animal avec son talon au bord d'un lac. Repérée par un internaute sur un film publicitaire - apparemment commandé par un club de fétichistes du pied -, la photo du supplice infligé à l'innocent félin soulève un tollé. Sur le Web, les apprentis détectives se mettent en chasse. Ils finissent par identifier la femme bourreau : elle est infirmière dans un hôpital de la province du Heilongjiang (Nord-Est). Devant l'indignation générale, la direction de son hôpital la licencie.
Puis en 2007, la pression monte. Elle se cristallise sur plusieurs affaires d'adultères, dont la plus célèbre débute par une tragédie. Jiang Yan, épouse flouée, se suicide en se défenestrant, désespérée par la liaison entre son mari et une collègue de bureau. Elle avait auparavant révélé son histoire sur son blog. Révoltés par le comportement du couple adultérin - la maîtresse avait offensé la légitime après une première tentative de suicide -, les internautes entrent en action. Les deux amants sont identifiés et harcelés. Ils sont contraints de démissionner de leur entreprise et de vivre cachés.
L'année 2008 sera encore plus turbulente. Outre l'affaire de la "traîtresse" Grace Wang à l'université de Duke, les justiciers du Net s'acharnent sur Gao Qianhui, une jeune fille du Liaoning (Nord-Est). Accro de la télé et des jeux en ligne, elle avait diffusé sur le Net une vidéo dans laquelle elle insultait les victimes du séisme du Sichuan pour lesquelles un deuil national de trois jours avait été décrété. Elle n'avait pas supporté que ses lieux de divertissement se mettent en berne durant cette période de recueillement. Face à la horde vociférante, la police l'a arrêtée - seulement deux semaines il est vrai.
Ces brigades de la vertu qui chevauchent le Web inquiètent de plus en plus. Face à leurs outrances, une réaction commence à s'ébaucher au sein de la frange modérée des internautes qui qualifie ces cyberjusticiers de baomin, ou "peuple violent". "Le peuple violent s'empare de la Toile, peut-on ainsi lire sur un forum de discussion. Le spectre de la révolution culturelle nous hante toujours, la progéniture des gardes rouges est toujours là."
Frédéric Bobin
Commentaires
Ca a bien été le bordel, apparemment... Joli portrait. Quel regard !
Décidément, t'es doué. Portraits, actualité, portrait d'actualité... Bravo pour ce moment capté.
Et un grand bonjour.
Pareil,
Belle expression saisie !
BRAVO POUR LA PHOTO MATTEO!
BRAVO à ces manifestants courageux, à tous ceux et celles qui se sont mobilisés et qui donnent du sens au verbe AGIR.
P.S J'habite pas loin de l'ambassade de Chine, one bloc away. Tu te souviens? Tu me verras peut etre a la tele... lol! ;-)
Pas vue, pas prise Scrabouilla.
bises à toutes
Bravo pour cet excellent portrait sur le vif. Le regard inquiet de l'homme est saisissant.
Tres belle serie, en plein coeur de l'évenement. Une vision personnelle. Bravo.
C'est les plus belles images que j'ai vues de ces événements. Il est toujours appréciable que le visage de la rébellion soit noble, l'histoire se nourrit de ça.
Salut Déserts !
C'est chouette a lire.
Merci Sebastien!
Salut Marco, merci aussi
La flamme olympique défile à Pyongyang
Une fois n’est pas coutume, le parcours de la flamme s’est passé sans embûches ce lundi. Après un périple mondial émaillé d’incidents, le relais de la torche olympique des Jeux de Pékin s’est parfaitement déroulé à Pyongyang, capitale de la Corée du Nord.
Pour cette première dans l’histoire du régime communiste, proche allié de Pékin, les images de télévision montraient des hommes en costume noir et des femmes en habit traditionnel agitant des bouquets artificiels de kimjongilia, la fleur nationale baptisée du nom du «cher leader» Kim Jong-Il.
Devant des centaines de milliers de personnes, selon l’agence Chine Nouvelle, l’un des rares médias étrangers autorisés en Corée du Nord, le relais s’est effectué entre deux des grands symboles du régime: parti de la Tour de l’Idée de Juché, il est arrivé au stade Kim Il-Sung. Le Juché est l’idéologie du pays, et Kim Il-Sung est le fondateur du régime nord-coréen.
La flamme poursuivra son périple mardi au Vietnam, puis à Hong Kong et Macao
Ce 9 avril, Wang Qianyuan, jeune Chinoise de 20 ans, est à mille lieues d'imaginer que son destin va basculer à l'instant précis où elle quitte la cafétéria de l'université américaine de Duke (Caroline du Nord), où elle étudie. Elle tombe sur un face-à-face crispé, houleux même, entre un groupe de supporteurs de la cause tibétaine et des contre-manifestants chinois "patriotes". Trois semaines après les émeutes de Lhassa (14 mars), la fièvre est brûlante autour du Tibet. Wang Qianyuan, qui se fait appeler Grace Wang en anglais, veut jouer les médiateurs. Elle est chinoise, certes, gavée d'éducation patriotique depuis sa plus tendre enfance, mais la fréquentation d'étudiants tibétains à Duke lui a ouvert les yeux. Entre les deux mondes, son coeur balance. Elle reconnaît un ami américain parmi le groupe pro-Tibet. Celui-ci lui demande d'écrire au feutre sur son dos nu : "Free Tibet." Elle accepte en échange de la promesse qu'il ira ensuite discuter avec les étudiants chinois d'en face. En attendant, elle fait le va-et-vient entre les deux camps. Elle prêche le dialogue, la compréhension mutuelle. En réalité, sa posture d'intermédiaire exaspère ses compatriotes, qui la houspillent. Les menaces fusent. Grace doit s'arracher à la mêlée sous la protection d'agents de sécurité de l'université. Le lendemain, l'affaire éclate. Sur le forum de discussion des étudiants chinois d'Amérique du Nord, sa photo est publiée, barrée de la sentence accusatoire : "Traître à la patrie." Dès lors, le Web chinois s'embrase et sonne l'hallali contre Grace qui, fulmine-t-on, défend l'indépendance du Tibet. Les internautes déchaînés enquêtent sur son passé. Ses références personnelles sont lancées à la vindicte, dont celles de ses parents, domiciliés à Qingdao, une ville côtière du Nord-Est chinois. Sur son téléphone et sa boîte électronique, elle reçoit une multitude d'insultes et de menaces de mort. La police américaine doit la protéger. En Chine, l'appartement familial essuie des jets de pierre, les murs sont maculés de slogans hostiles et même d'excréments. Les parents doivent s'exiler en lieu sûr. Révolte confuse visant la corruption des officiels (mais pas trop), la déréliction morale ambiante (beaucoup) et les "diables d'étrangers" (surtout). Son père la conjure de s'excuser publiquement afin de calmer la tempête mais Grace fait front. En guise de contrition, elle publie, le 20 avril, dans le Washington Post une tribune dans laquelle elle dénonce comme "inacceptable" sa "crucifixion" par un Web en furie. Grace Wang est l'une des victimes les plus emblématiques de ce phénomène nouveau de l'Internet chinois : la chasse à l'homme en groupe - ou plutôt en masse - au nom de la défense des grands principes. Un coupable est jeté en pâture et, à partir d'indices partiels - un nom, une photo, un lieu... -, tout un peuple de pseudo-justiciers se lance à ses trousses pour se livrer à de l'intimidation à grande échelle. Les Chinois ont une expression pour désigner cette traque collective : "Renrou sousuo yinqing", que l'on peut traduire par "moteur de recherche à chair humaine". C'est la face noire d'une Toile chinoise en pleine expansion, forte d'environ 250 millions d'usagers - devant les Etats-Unis (217 millions). Vecteur d'une société civile de plus en plus remuante, ce Web chinois charrie le meilleur, l'exigence d'une liberté d'expression, comme le pire, un populisme virulent pouvant virer au nationalisme extrême. Les adeptes de ce courant se sont autoproclamés "fenqing", ou "jeunes gens en colère". "Ils illustrent l'étape infantile du développement du Net chinois", analyse Yu Guoming, directeur adjoint de l'école de journalisme de l'Université du peuple (Renda). Issus de la génération de l'enfant unique, ces internautes au sang chaud sont en général diplômés mais sous-employés, donc frustrés. Avec le renrou sousuo, ils pratiquent une justice populaire en meute qui, si elle se déploie principalement dans l'espace virtuel, n'en a pas moins de lourdes incidences sur la vie réelle. Grace Wang, par exemple, se trouve bannie de facto de son pays. En tout cas, elle se garde bien d'y retourner dans l'immédiat après avoir vu son nom souillé de toutes les infamies. Trop risqué. Du Peiyuan a à peine 26 ans. Silhouette haute et fine, houppe en bataille, jean et baskets, il arbore un air d'adolescent dégingandé. Cet as de l'informatique est aujourd'hui un des gestionnaires du portail Mop, le creuset qui a enfanté la mode du renrou sousuo. Fondé en 1997 à l'aube du Web chinois, Mop était initialement spécialisé dans les jeux vidéo et les jeux télévisés. "Au début, nos usagers échangeaient des informations sur leurs jeux préférés", raconte Du Peiyuan, nonchalamment assis dans un fauteuil d'une salle de réunion du siège de Mop, à Pékin. "Puis, au fil des années, poursuit-il, l'exercice s'est élargi à n'importe quel sujet." Ainsi mûrit une culture de la recherche et de l'échange. L'année 2001 marque la véritable naissance du renrou sousuo. "L'événement qui a tout déclenché était une histoire d'amour", sourit Du Peiyuan. Un homme pensait avoir trouvé l'âme soeur sur un site de rencontres. La photo qu'il avait reçue montrait une femme d'une grande beauté. Titillé par le doute, il met en ligne le joli minois et interroge les fidèles de Mop. Ces derniers déclenchent la recherche. L'un d'entre eux finit par déceler l'imposture : "La photo était en fait celle de la porte-parole de Microsoft en Chine, une très belle femme", se souvient Du Peiyuan. Le naïf avait été berné par un (e) anonyme. Le renrou sousuo connaît là son acte de baptême en Chine mais il lui faudra encore de longues années avant de devenir un phénomène de société. L'année 2006 marque sans doute un tournant avec l'explosion du scandale du chat martyr. L'affaire met en scène une dame élégante écrasant la tête de l'animal avec son talon au bord d'un lac. Repérée par un internaute sur un film publicitaire - apparemment commandé par un club de fétichistes du pied -, la photo du supplice infligé à l'innocent félin soulève un tollé. Sur le Web, les apprentis détectives se mettent en chasse. Ils finissent par identifier la femme bourreau : elle est infirmière dans un hôpital de la province du Heilongjiang (Nord-Est). Devant l'indignation générale, la direction de son hôpital la licencie. Puis en 2007, la pression monte. Elle se cristallise sur plusieurs affaires d'adultères, dont la plus célèbre débute par une tragédie. Jiang Yan, épouse flouée, se suicide en se défenestrant, désespérée par la liaison entre son mari et une collègue de bureau. Elle avait auparavant révélé son histoire sur son blog. Révoltés par le comportement du couple adultérin - la maîtresse avait offensé la légitime après une première tentative de suicide -, les internautes entrent en action. Les deux amants sont identifiés et harcelés. Ils sont contraints de démissionner de leur entreprise et de vivre cachés. L'année 2008 sera encore plus turbulente. Outre l'affaire de la "traîtresse" Grace Wang à l'université de Duke, les justiciers du Net s'acharnent sur Gao Qianhui, une jeune fille du Liaoning (Nord-Est). Accro de la télé et des jeux en ligne, elle avait diffusé sur le Net une vidéo dans laquelle elle insultait les victimes du séisme du Sichuan pour lesquelles un deuil national de trois jours avait été décrété. Elle n'avait pas supporté que ses lieux de divertissement se mettent en berne durant cette période de recueillement. Face à la horde vociférante, la police l'a arrêtée - seulement deux semaines il est vrai. Ces brigades de la vertu qui chevauchent le Web inquiètent de plus en plus. Face à leurs outrances, une réaction commence à s'ébaucher au sein de la frange modérée des internautes qui qualifie ces cyberjusticiers de baomin, ou "peuple violent". "Le peuple violent s'empare de la Toile, peut-on ainsi lire sur un forum de discussion. Le spectre de la révolution culturelle nous hante toujours, la progéniture des gardes rouges est toujours là." Frédéric Bobin